- insolite
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• 1495; lat. insolitus, de solere « avoir coutume de »♦ Qui étonne, surprend par son caractère inaccoutumé, contraire à l'usage, aux habitudes (péj. jusqu'au XXe s.; plutôt laudatif, de nos jours).⇒ anormal , bizarre, étonnant, extraordinaire, inhabituel, rare. Événement insolite. Visite insolite. Mise, tenue, apparence, aspect insolite. Personnage insolite. ⇒ excentrique, extravagant. « Une terminaison [de lettre] insolite n'est à risquer qu'entre gens d'esprit » (Romains). — Subst. Recherche de l'insolite et du bizarre, en poésie. ⊗ CONTR. Accoutumé, familier, normal.Synonymes :- bizarre- déroutant- étrange- original- saugrenuContraires :- banal- commun- familier- habituel- normal● insolite nom masculin Ce qui est insolite : Recherche de l'insolite.insoliteadj. et n. m. Qui surprend par son caractère inhabituel. Un fait insolite.|| n. m. Aimer l'insolite.⇒INSOLITE, adj.Qui provoque l'étonnement, la surprise par son caractère inhabituel, contraire à l'usage, aux règles ou par sa conduite inattendue.A. — [En parlant de qqc.] Synon. bizarre, étrange, extraordinaire. Expression insolite, clause insolite, procédé bizarre et insolite (Ac.). Puis Jean Quyries eut enfin le sentiment d'une solitude et d'un insolite abandon autour de Florence (MAURIAC, Préséances, 1921, p. 245). N'étaient (...) l'insolite obscurité verte, et la tige de clarté vive, qui séparait deux rideaux d'ombre raide, Alain se fût rendormi (COLETTE, Chatte, 1933, p. 45). Il avait neigé dans la nuit, première neige de l'année, précoce, presque insolite (DRUON, Roi de fer, 1955, p. 315).SYNT. Bruit, lueur, reflet, lumière, éclat, saveur insolite; consistance insolite; note, ton, charme, beauté, forme insolite; spectacle insolite; événement, fait, phénomène, procédure insolite; sons, accords, odeurs insolites; paroles insolites; détails insolites; circonstances insolites.— Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre♦ Caractère de ce qui est insolite. Le brisement de mes habitudes, le dénuement nouveau où je me trouvai, (...) l'insolite et l'étrange d'un appartement garni et déjà sali par d'autres, au milieu d'un quartier neuf, sans tradition (MICHELET, Journal, 1852, p. 191).♦ Ce qui est insolite. Terreur, crainte, attrait, culte, sensation de l'insolite; flairer l'insolite; préférer l'insolite. Le poète, lui, pense toujours à autre chose. L'insolite lui est familier, la préméditation inconnue (ÉLUARD, Donner, 1939, p. 73).B. — [En parlant de qqn; plus fréq., p. méton., d'un caractère de la pers., de son aspect, de son comportement ou d'un de ses attributs] Synon. bizarre, curieux, drôle. Il regarde en plissant le front ce ministre insolite, qui (...) vient de « phraser » pour les patriotes, pour la populace, et qui montre des dispositions peu républicaines à la popularité (BARRÈS, Appel soldat, 1900, p. 45). Au milieu de ces corps olivâtres, qui bruissaient légèrement, comme un champ d'avoine sous le vent, il se sentait insolite et menaçant (SARTRE, Mur, 1939, p. 215). Nourrices très suspectes, Suivantes aux yeux voilés d'aînesse, ô Pluies par qui l'homme insolite tient sa caste, que dirons-nous ce soir à qui prendra hauteur de notre veille? (SAINT-JOHN PERSE, Exil, 1942, p. 238).SYNT. Joie, expression insolite; visage, silhouette insolite; démarche insolite; apparition insolite; tenue, aspect, apparence, attitude insolite; raffinement insolite; destin insolite; paroles, propos insolites.♦ Rare. Insolite de + subst. Je le vis venir de loin par le bord de la mer, longue silhouette nonchalante, élégante — insolite de vivacité dans le matin blême (GRACQ, Beau tén., 1945, p. 136).— Emploi subst., hapax. [Empl. ironiquement pour désigner une pers.] Ils se faisaient les pauvres insolites étendre raides d'un grand coup de salve (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 542).Rem. 1. LAF. Suppl. 1878, p. 181 s.v. inusité note ,,Inusité (...) n'implique ni louange ni blâme. Mais insolite, contraire à la coutume, à ce qui est généralement usité (...) emporte assez souvent l'idée défavorable de quelque chose d'étrange ou d'inique``. 2. Insolite a pris une connotation laud. au XXe s. : Aujourd'hui qu'il voyage en première (...), dans de nouveaux habits d'une coupe insolite et sous un chapeau qui lui va prodigieusement bien, il s'aborde avec étonnement dans la glace, et se séduit (GIDE, Journal, 1917, p. 628).Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. 1718. Étymol. et Hist. A. Adj. 1495-96 [éd. 1531] « qui étonne par son caractère inaccoutumé » (JEAN DE VIGNAY, Miroir Historial, XXV, 36 ds DELB. Notes mss). B. Subst. 1836 « caractère de ce qui est insolite » (STENDHAL, H. Brulard, t. 1, p. 403). Empr. au lat. insolitus « inaccoutumé à; dont on n'a pas l'habitude, inusité, étrange ». Fréq. abs. littér. : 415. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 124, b) 285; XXe s. : a) 537, b) 1 182.DÉR. Insolitement, adv. De manière insolite. Tout, jusqu'au format insolitement carré de cette jolie toile, retenait le regard (MONTESQUIOU, Hellen, 1913, p. 28). — []. — 1re attest. 1834 (BOISTE); de insolite, suff. -ment2.insolite [ɛ̃sɔlit] adj.ÉTYM. 1495; lat. insolitus; de in- (→ 1. In-), et solitus « habituel, ordinaire », p. p. de solere « être habituel, courant ».❖a Choses. Qui étonne, surprend par son caractère inaccoutumé, contraire à l'usage, aux habitudes… ⇒ Anormal, bizarre, étonnant, étrange, extraordinaire, inaccoutumé, inhabituel, nouveau, rare (→ Appareil, cit. 9). || Un événement insolite (→ Fantastique, cit. 11). || Une présence insolite. || Danseur qui bondit (cit. 7) à des hauteurs insolites. || C'est une chose insolite, plutôt insolite dans ce pays. — REM. Péjoratif jusqu'au XXe, ce mot, devenu à la mode, est plutôt laudatif de nos jours.1 Inusité (…) n'implique ni louange ni blâme. Mais insolite (…) emporte assez souvent l'idée défavorable de quelque chose d'étrange ou d'inique.Lafaye, Dict. des synonymes, Suppl., Inusité.2 Ces démarches, illégales et insolentes autant qu'insolites, rebutent ceux qui travaillent pour moi.Voltaire, Correspondance, 1948, 15 juin 1761.3 (…) le document, d'un style insolite, rompait avec tous les usages diplomatiques (…)Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, De Brumaire à Marengo, XXI.4 (…) les formules de fin de lettre sont bien reçues, non en dépit mais en faveur de ce qu'elles ont de conventionnel. Une terminaison insolite n'est à risquer qu'entre gens d'esprit qui se connaissent bien.J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, VIII, p. 69.b (Personnes; actes, comportements). ⇒ Bizarre, étrange. || Des hommes, des personnages insolites. || « Il se sentait insolite et menaçant » (Sartre, in T. L. F.). || Acte, réaction insolite. || Expression, air insolite.♦ N. m. (1846, Stendhal). || L'insolite (→ Flairer, cit. 12). || Recherche, culte de l'insolite et du bizarre, en poésie.❖CONTR. Accoutumé, banal, commun, familier, normal, ordinaire.DÉR. Insolitement.
Encyclopédie Universelle. 2012.